Il existe de par le monde, de nombreux musiciens de très grand talent. Et, parmi eux, certains brillent tels des diamants éclatants, comme touchés d’une grâce irréelle qui les rend uniques.
Pandit Ravi Shankar est de ceux-là.
Immense artiste, il incarne la continuité de ce fil d’éternité dont nous ressentons les fines vibrations lorsque, entre ses mains, son sitar fait s’élever dans les airs ce chant mystérieux, immortelle mémoire des feux célestes.
Robendra Shankar, son nom terrestre de naissance, est venu au monde le 7 avril 1920 à Vârânâsi (Bénarès), en Inde. Il est le cinquième et dernier enfant que sa mère, Hemangini, mettra au monde. Son père, le Dr Shyama Shankar était le fil de Barapa Shankar issu de la caste des Brahmanes (la plus élevée dans la hiérarchie Indoue), sans toutefois exercer de fonction religieuse. Son père, Shyama Shankar exerça le métier d’avocat à Londres, puis à Genève à la Société des Nation. Ensuite, il enseigna à l’Université de Columbia à New York. Il décède alors que Ravi n’a que 15 ans. C’est alors que son frère aîné, Uday, qui dirigeait une grande compagnie d’artistes l’engage comme danseur. Il s’agissait de la première compagnie de danse indienne à connaître une renommée internationale.
A cette époque, Ravi pensait devenir acteur, et la danse lui sembla un bon début de carrière. Auprès de la troupe, les voyages furent nombreux, Bombay (Mumbay), Venise, Londres, Paris où sa famille vécut pendant 2 ans. Il apprit le français et fut scolarisé à l’école Saint-Joseph. Sa première prestation sur scène, en France, eut lieu au Théâtre des Champs Elysées le 3 mars 1931. Les différentes tournées avec la compagnie les conduit également sur le sol américain. Il dira plus tard que c’est là, en côtoyant des personnalités du tout-Hollywood, qu’il acquiert la bonne connaissance du monde qui l’aidera beaucoup par la suite.
En plus de la danse et du chant, Ravi s’initie à la vînâ, à l’esraj et au sitar. C’est lorsque Uday fait entrer un éminent musicien Indien dans la troupe, l’illustre Ustad Allaudin Khan, que le jeune Ravi, très impressionné par ce grand maître, se passionne pour l’exercice et l’apprentissage musical.
De retour à Bombay, Uday décide d’arrêter la troupe. C’est alors, que Ravi prend la décision de rejoindre et de recevoir l’enseignement de Ustad Alluadin Khan dans la tradition du Guru Kul qui impose de s’y consacrer entièrement. Il rase ses cheveux, endosse une modeste tenue, et se soumet à la très stricte initiation de son maître pendant 7 années. Plus encore qu’une relation de maître à disciple, Allaudin Khan (dit Baba) sera un vrai père, sévère, rigoureux, mais très aimant pour Ravi qui avait perdu le sien bien trop tôt.
Pendant ces années d’études, il apprend le sitar, le surbahar, la vînâ, le rabâb et le sursingar. Le jeune musicien se révèle très doué, et après son apprentissage, il se fait remarquer et apprécier dès ses débuts par les hautes personnalités de la musique indienne. Il devient d’ailleurs très rapidement un maître et dispense à son tour son enseignement musical dès les années 50. A cette même époque, il commence à composer des musiques de film et réalise des tournées à l’étranger. Quelques années suffiront à faire de lui le grand ambassadeur de la musique hindoustani dans tout l’Occident, un rôle qu’il endossera consciencieusement, le considérant comme une mission. ‘’Présenter la musique de mon pays à l’Ouest était ma plus grande motivation. Mon avantage par rapport à d’autres musiciens, c’est que je connaissais déjà la culture occidentale’’ expliquera-t-il, lui-même.
1956 verra sa toute première représentation à New York aux Etats Unis. L’un des premiers musiciens avec lesquels il tissera des liens d’amitiés en dehors de l’Inde, sera le violoniste Yehudi Menuhim qui sera pour lui comme un frère ‘’à la fois excellent musicien et merveilleux humainement’’. Mais celui qui popularisera véritablement sa musique sera Georges Harrison des Beatles, qui suivra un temps son enseignement et que Ravi considérera comme un fils. C’est Georges Harrison, qui dira de lui qu’il est le ‘’Parrain de la musique world’’. Et, c’est bien de la musique de Ravi Shankar que partira l’engouement du rock et de la pop des années 60, pour la musique indienne et dont on entendra le son particulier fusionner avec ces musiques.
Ravi Shankar sera une personnalité adulée, porté aux nues par le mouvement hippie et sera à l’affiche des grands rassemblements de l’époque, dans les concerts historiques de Monterrey, Woodstock, et les grands festivals de rock. Sa musique ne participait pas nécessairement de cette atmosphère de rébellion mêlée de candeur qui présidait à ces évènements et, lui-même, dira explicitement qu’on ‘’ne peut pas écouter de la musique indienne dans le même esprit que la musique pop’’. Il restera cependant heureux de cette expérience, en espérant qu’au moins une partie du public aura pu saisir la profondeur et l’essence de sa musique.
A cette époque, en 1967, fort de son succès, il fonde son école de musique indienne Kinnara à Los Angeles où il dispense son enseignement.
Désormais mondialement reconnu, tant pour sa musique que pour ses grandes qualités humaines, inlassable travailleur, il se produit dans le monde entier, il compose, écrit, enregistre, joue et poursuit son enseignement. Toujours très ouvert, il collabore à de nombreux projets explorant les musiques, les métissages et les horizons les plus variés.
Il reçoit, au fil des années, de multiples récompenses et les plus hautes distinctions en Inde et dans le monde pour son immense travail et ses merveilleuses créations.
Il est le père de la chanteuse Nora Jones, qui, bien qu’elle exerce dans un tout autre genre musical, fera entrer le sitar dans sa musique.
Et, c’est surtout sa fille Anoushka Shankar, qui comblera son père en suivant son enseignement et en devenant elle-même une sitariste émérite et qui, ces dernières années, l’accompagnait lors de toutes ses tournées.
Le terme est venu de la présence du grand Ravi Shankar sur terre. Aujourd’hui, partout dans le monde les hommages émouvants vont au plus renommé des musiciens d’Inde, au premier grand ambassadeur de la musique indienne dans le monde.
Sa veuve, Sukanya Rajan, et sa fille, Anoushka, ont communiqué officiellement son décès survenu le Mardi 11 Décembre 2012, à l’âge de 92 ans à San Diego, Californie.
Extrait du communiqué : "Sa santé était fragile depuis plusieurs années et jeudi (6 décembre), il a subi une opération qui pouvait potentiellement lui apporter un nouveau souffle. En dépit des meilleurs efforts des chirurgiens et des médecins à son chevet, son corps n'a pas résisté à la fatigue de l'opération. Nous étions à ses côtés lorsqu'il est décédé. Même si c'est un temps de chagrin et de tristesse, c'est aussi le temps de le remercier d'avoir fait partie de nos vies".
Nous savons ce que nous lui devons, et c’est avant tout avec une infinie reconnaissance que nous considérons sa prodigieuse contribution à la musique universelle.
Musica Font
(Hommage rédigé en décembre 2012)
Vidéos, extraits musicaux, sources, documents et autres infos:
Site Officiel Pandit Ravi Shankar: www.ravishankar.org
Historique et description du Sitar par Ravi Shankar en Français – 1967
>> Document Vidéo Ina – Le roi du Sitar
Duo de Violon et Sitar - Yehudi Menuhin et Ravi Shankar
>> Video YT - Duet Violin and Sitar
Ravi Shankar Sitar / Yehudi Menuhin - Violin / Ustad Allah Rakha - Tabla
>> Video YT - Musique instrumentale classique Folklore du Pundjab
>> Vidéo YT - Raag Puriya Kalyan - Ravi Shankar et Yehudi Menuhin
>> Video YT - Ravi Shankar et Alla Rakha (Live at Woodstock) - Evening Raga
>> Extrait Musique YT - Film Gandhi - Thème Discovery of India
L’influence de Ravi Shakar dans les musiques modernes, pop, rock, jazz, world, classique:
>> Vidéo YT - Georges Harrisson (The Beatles) – Sitar Lesson with Ravi Shankar
>> Vidéo YT - Within You Without You – The Beatles
>> Video YT - The Doors - The End
>> Vidéo YT - Autre apprenti: Brian Jones des Rolling Stones - Paint in Black
>> Video YT - Musique classique - Philip Glass - Album avec Ravi Shankar en 1990
Ses deux filles Nora Jones et Anouchka Shankar:
>> Video YT - Nora Jones - Happy Pills (avec Sitar)
>> Video YT - Anoushka Shankar - Pancham Se Gara
>> Video YT - Ravi et Anouchka Shankar - Raga Anandi Kalyam
>> Vidéo YT - Anoushka Shankar et Nora Jones - Traces Of You
Sur Wikipedia
>> Biographie et Discographie Ravi Shankar
>> Biographie Ustad Allauddin Khan Guru de Ravi Shankar
>> Description Sitar Instrument de musique traditionnel d'Inde
Crédits photos:
01 - Pandit Ravi Shankar à Woodstock en 1969 - Markgoff2972 - Wikimedia Commons
02 - Pandit Ravi Shankar flyer concert 1967 - World Pacific Records - Wikimedia Commons
03 - Pandit Ravi Shankar Spirit of Freedom Concert - Ana312727 - Wikimedia Commons
04 - Ravi Shankar, Bikram Ghosh, Udai Mazumdar - Thirak India Cultural Society - Wikimedia commons
05 - Ravi Shankar with Anoushka Shankar at the World Sacred Music Festival in Fes, Morocco, in June 2005 - Josiehen - Wikimedia Commons
06 - Ravi Shankar 2009 in Delhi - Alexandra Ignatenko - Wikimedia Commons